Il murmure à l'oreille des chevaux pour aider les hommes
Sophie Boutboul | 5 juin 2014, 07h00
Le Parisien
Actualités yvelines
Il entre dans le grand carré de pâturage où les chevaux broutent de l'herbe et, sur-le-champ, deux d'entre eux s'approchent de lui. Sylvain Gillier-Imbs, médecin généraliste homéopathe, travaille l'équithérapie avec ces animaux depuis six ans, entre Rambouillet et Saint-Arnoult-en-Yvelines. Formé aux États-Unis, où ce travail entre le cheval et l'homme a pris beaucoup d'ampleur en dix ans, le quinquagénaire, cavalier depuis l'adolescence, reçoit une centaine de patients par an. La plupart sont des adultes qui rencontrent des problèmes dans leur vie sociale ou professionnelle, mais des parents lui amènent également leurs enfants lorsque ces derniers sont atteints de troubles du comportement. « Une séance commence par des explications sur les attitudes du cheval face à l'homme », appuie Sylvain, lunettes rondes argentées sur le nez et chapeau brun en cuir sur la tête. La session se poursuit ensuite dans le « rond de l'ange », un grand cercle de terre sableuse entouré de poteaux en bois. « La personne y interagit en liberté avec le cheval et je lui donne de petits exercices. Par exemple, si une personne cherche à s'affirmer, je lui demande plutôt de faire un tour complet, cheval au trot. Si une personne a des problèmes de leadership dans son entreprise, j'essaierai d'obtenir qu'elle soit suivie du cheval », décrit Sylvain, qui pratique des séances de deux heures à 80 €. Selon Sylvain, trois à six séances sont nécessaires pour que le travail aboutisse. En plus du centre équestre qu'il loue à Rambouillet, Sylvain réalise aussi des séances avec les trois chevaux de race Camargue de son association Cheval Communication, à Saint-Arnoult-en-Yvelines. Le dernier, Qadence, une jument qui ne pouvait plus être montée à cause d'un traumatisme et qui allait être vendue en boucherie, a pu être achetée grâce à Hellomerci, plateforme de prêts solidaires entre particuliers. Sylvain a récolté 3 000EUR de 21 prêteurs touchés par l'histoire de Qadence, qu'il doit rembourser en deux ans. « Nos chevaux vivent en liberté et en groupe sur des vastes parcelles dans le parc naturel de la haute vallée de Chevreuse. Ce mode de vie en troupeau est très adapté pour ceux qui ont été traumatisés. Après un travail de rééducation, Qadence pourra aider des personnes en équithérapie », précise Sylvain. Qadence vit désormais avec ses deux compères Tamani et Shakti.